Partir en reportage photo sur un site archéologique régional, pour moi, c’est comme partir en petite expédition : il faut préparer son sac avec soin, respecter le lieu et ses gardiens, et anticiper les imprévus. Après plusieurs sorties et collaborations avec des archéologues en Bourgogne, j’ai élaboré une liste d’outils et de matériaux qui m’accompagnent systématiquement. Voici ce que j’emmène pour une journée réussie sur le terrain — pratique, respectueux et pensé pour raconter visuellement l’histoire du site.
En amont : autorisations, contacts et cadrage
Avant même de parler matériel, j’insiste toujours sur deux choses indispensables : obtenir les autorisations nécessaires et définir le récit que je veux construire. Beaucoup de sites archéologiques sont protégés et nécessitent une validation de l’équipe scientifique ou du propriétaire. J’appelle ou j’écris pour préciser les conditions (zones accessibles, contraintes photographiques, horaires).
Je note aussi les contacts : le nom d’un fouilleur référent, le numéro du conservateur, et parfois un contact local (mairie, association). Ces informations me servent autant pour la logistique que pour enrichir mes interviews.
Le matériel photo essentiel
Boîtier principal : J’utilise un boîtier plein format (ex. Canon EOS R, Nikon Z6/7 ou Sony A7III selon les disponibilités) pour sa polyvalence en lumière variable.Second boîtier : Si possible, j’emporte un boîtier d’appoint pour éviter les interruptions en cas de panne.Objectifs : Un zoom polyvalent 24-70mm pour les plans larges et portraits, un grand-angle 16-35mm pour capter l’ambiance du site, et un télé 70-200mm pour isoler des détails sans déranger le travail des archéologues.Objectif macro : Indispensable pour photographier les tessons, outils et textures. Un 90mm macro (ou convertisseur macro) révèle des détails invisibles à l’œil nu.Trépied : Léger mais robuste — je recommande un modèle carbone si vous marchez longtemps. Indispensable pour les longues expositions, les panoramas ou les images en faible lumière.Filtres : Un polariseur pour réduire les reflets sur les surfaces lustrées, et un filtre à densité neutre (ND) si vous voulez jouer avec de longues expositions.Flash et diffuseur : Un small speedlight (ex. Godox) et un petit diffuseur pour les portraits d’interview ou quand la lumière naturelle est trop dure.Batteries et chargeurs : J’apporte au moins trois batteries pleines par boîtier et un chargeur portable (powerbank) compatible avec mes boîtiers et mon téléphone.Cartes mémoire : Plusieurs cartes rapides (UHS-II ou équivalent) et un petit boîtier de rangement étanche — mieux vaut avoir trop d’espace que de manquer de mémoire en plein reportage.Accessoires pratiques
Housse imperméable : Pour protéger le matériel en cas d’averse soudaine. J’ai une housse de pluie dédiée pour appareil et un sac photo étanche (ex. Lowepro DryZone).Bandoulière et sangle confort : Pour les longues marches, une sangle large réduit la fatigue. Je préfère les sangles à fixation rapide pour changer d’objectif sans perdre de temps.Chiffons microfibre et poire soufflante : Pour nettoyer les optiques et enlever la poussière. Les sites archéologiques peuvent être très poussiéreux ; un objectif sale ruine une série.Gaffer et ruban adhésif : Pour fixer un réflecteur, marquer un emplacement ou réparer rapidement une fixation.Pied d’appoint et mini-reflecteur : Utile pour modeler la lumière sur un détail ou un portrait.Matériel de terrain et sécurité
Chaussures et vêtements adaptés : Bottines de randonnée, veste imperméable, gants fins (pour manipuler sans endommager les objets), et chapeau pour le soleil.Gilet haute visibilité : Si le site est proche d’une zone de circulation ou si vous travaillez avec une équipe.Trousse de premiers secours : Pansements, désinfectant, compresses — j’ai déjà soigné de petites coupures sur le terrain.Crème solaire et eau : À ne pas négliger lors de longues journées en plein air.Outils de documentation et médiation
Carnet de notes et stylos : J’écris systématiquement mes observations, horaires, noms des personnes rencontrées et descriptions de prises de vue. Un carnet papier reste fiable même sans batterie.Enregistreur audio : Pour capter les interviews sur le vif. Un petit enregistreur numérique (Zoom H1n ou équivalent) fait merveille, surtout si l’on veut restituer la parole des archéologues.Tablette ou ordinateur portable : Pour sauvegarder et prévisualiser les images en fin de journée. Je copie toujours mes cartes sur un disque dur externe (ou SSD) dès que possible.Plans, cartes et repères GPS : Les plans du site et repères GPS évitent de perdre du temps et permettent de situer précisément chaque prise de vue pour un récit cartographié.Respect du site et bonnes pratiques
Le matériel ne fait pas tout : j’applique des règles strictes de respect. Je ne marche jamais sur des zones fouillées actives, je ne déplace aucun vestige sans autorisation, et je respecte les consignes de l’équipe scientifique. Si je photographie des personnes, je demande toujours leur accord et j’explique l’usage des images.
Checklist synthétique
| Photo | Boîtier principal, boîtier d’appoint, 24-70, 16-35, 70-200, macro, trépied, flash |
| Énergie et stockage | Batteries x3, chargeur portable, cartes mémoire multiples, disque dur/SSD |
| Protection | Housse imperméable, sac étanche, housse d’objectif, chiffons microfibre |
| Terrain | Chaussures de randonnée, gilet HV, trousse de secours, eau, crème solaire |
| Documentation | Carnet, stylo, enregistreur audio, tablette/PC, plans GPS |
| Éthique | Autorisation écrite, respect des consignes, consentement pour portraits |
Sur le terrain, j’adapte toujours mon approche : lumière douce du matin pour les grands plans, fin d’après-midi pour les textures dorées, macro pour les tessons et outils, et portraits serrés pour donner une voix humaine au récit. Enfin, je pense systématiquement à mon flux de travail post-prise : sauvegarde immédiate, tri préliminaire et notes associées à chaque image pour pouvoir restituer précisément le contexte lors de la rédaction d’un article.
Si vous préparez votre première sortie photo sur un site archéologique en Bourgogne, dites-moi où vous comptez aller : je peux partager des conseils spécifiques au lieu ou des contacts locaux pour faciliter vos autorisations.