En parcourant les chemins du Morvan, j'ai souvent le sentiment de remonter le fil d'une histoire minérale et artisanale presque effacée : des fours et des carrières qui ont façonné le paysage et la vie des villages pendant des siècles. Avec le temps, ces lieux deviennent silencieux, envahis par la végétation — et parfois oubliés. Si, comme moi, vous aimez partir à la découverte de ces vestiges sans guide, voici un guide pratique et personnel pour les trouver, les visiter en sécurité et, surtout, les respecter.
Où chercher : les sources d'information qui m'aident toujours
Avant d'aller sur le terrain, je commence toujours par une phase de repérage digitale et documentaire. Cela me permet d'éviter les surprises et de mieux comprendre ce que je vais voir.
- Géoportail / IGN : j'active les couches anciennes et la carte topographique. Les carrières et les fours sont souvent visibles sous forme de creux, de terrasses ou d'annotations historiques.
- OpenStreetMap : les contributeurs locaux taguent parfois des "quarries" ou "kilns". C'est une bonne base pour repérer des zones.
- Cadastre en ligne : utile pour vérifier si un site est sur une parcelle privée (propriété bâtie ou non).
- Archives départementales (Nièvre, Côte-d'Or, Saône-et-Loire, Yonne) : plans, permis d'extraction, cartes anciennes et photos peuvent confirmer l'existence d'une carrière ou d'un four.
- Groupes et pages locaux (Facebook, forums de randonneurs, associations de sauvegarde du patrimoine) : souvent, des habitants signalent ou décrivent des vestiges.
- Bibliographie locale (Société d'Histoire du Morvan, revues locales) : j'y trouve souvent des mentions de fours à chaux, de minières et de carrières de pierre.
Comment identifier une fourche ou une carrière sur le terrain
Quand j'arrive sur place, j'utilise mes sens et quelques repères simples pour confirmer que je suis face à un vestige :
- Forme du relief : terrasses, falaises abruptes, talus réguliers — signes d'extraction.
- Déchets et grisaillement : fragments de roche, lits d'argile, résidus de cuisson pour les fours à chaux.
- Éléments bâtis : murets, ouvertures voûtées (pour les cheminées de fours), plateformes d'alimentation.
- Végétation différente : certaines plantes colonisent les zones calcaires et indiquent la nature du sol.
Itinéraires et modes d'accès
Je privilégie toujours des approches douces : accès à pied ou à vélo depuis un village. Voici quelques conseils pratiques :
- Se garer sur les parkings publics ou dans les bourgs : évitez de bloquer les chemins privés.
- Utiliser des sentiers balisés quand c'est possible : ils minimisent l'impact et évitent les éboulis.
- Pour les sites éloignés, prévoir une marche plus longue et vérifier les heures d'ouverture des routes en hiver.
- Si une carrière est à l'intérieur d'une propriété privée, contacter le propriétaire (cadastre) ou la mairie pour demander l'autorisation.
Équipement et sécurité — ce que j'ai toujours dans mon sac
J'ai appris à la dure qu'un site ancien peut être aussi dangereux qu'il est fascinant. Voici ma check-list :
- Chaussures de randonnée montantes (adieu baskets glissantes).
- Gants fins (pour toucher pierres et bords sans se blesser).
- Casque léger si vous prévoyez d'explorer les abords d'une paroi ou d'anciennes galeries (toujours éviter les galeries instables).
- Téléphone chargé + batterie externe et une carte papier IGN au cas où la couverture manque.
- Trousse de secours, gourde et collation.
- Masque anti-poussière si vous devez traverser zones poussiéreuses ou pouzzoles.
Règles d'or sur place : respect du lieu et sécurité
Mon engagement personnel est simple : laisser le site tel que je l'ai trouvé, ou mieux. Quelques règles que je répète à mes compagnons de balade :
- Ne pas grimper sur les pans instables ou les murs effondrés.
- Ne pas emporter d'objets (même une pierre ou un outil ancien est un élément patrimonial).
- Ne pas allumer de feu (végétation souvent sèche, risque d'incendie).
- Photographier, noter, partager : la documentation aide à la préservation. Si vous signalez un site sur un forum, précisez sa fragilité.
- Respecter la faune et la flore : certains micro-habitats sont protégés.
Comment trouver des sites "oubliés" sans tomber dans l'illégalité
Il est tentant d'entrer dans une friche privée pour satisfaire la curiosité. J'évite systématiquement cela et je privilégie des démarches simples :
- Contacter la mairie : elle connaît souvent l'histoire locale et peut indiquer les propriétaires ou signaler si le site est dangereux.
- Aller par groupes ou avec une association : plusieurs têtes valent mieux qu'une pour repérer et sécuriser.
- Si vous croisez des panneaux "danger" ou "propriété privée", faites demi-tour et renseignez-vous autrement.
Outils numériques et carto : comment je les utilise
| Outil | Utilité |
|---|---|
| Géoportail | Voir couches historiques, repérer carrières, calculer distances |
| OpenStreetMap | Repérage collaboratif et sentiers locaux |
| Cadastre.gouv.fr | Vérifier propriétaire et limites parcellaire |
| Archives départementales | Plans anciens, permis d'exploitation, photos d'archives |
Photographie et documentation : mes petits trucs
J'aime ramener des images qui racontent une histoire, pas seulement des clichés esthétiques. Pour cela :
- Prendre une photo d'ensemble, puis des détails (outils, marques d'extraction, traces de feu).
- Noter l'orientation (compas) et la date, et enregistrer le point GPS.
- Utiliser un téléphone + un petit appareil compact (j'utilise parfois un Fujifilm X100 pour ses couleurs et sa compacité).
- Faire des plans rapides à main levée : ils aident à restituer l'organisation du site.
Réseaux et personnes à contacter
Le patrimoine vivant du Morvan se partage : voici des interlocuteurs qui m'ont souvent aidée :
- Les mairies et offices de tourisme locaux (Château-Chinon, Saulieu, Avallon).
- Les sociétés d'histoire locales et associations de sauvegarde (elles ont souvent des inventaires).
- Les carriers et maçons locaux : certains gardent la mémoire orale des sites et des techniques.
- Forums et groupes Facebook "Patrimoine du Morvan" ou "Anciennes carrières de Bourgogne".
Exemples concrets de repérage
Pour illustrer, je vous donne deux cas rencontrés ces dernières années :
- Un ancien four à chaux proche d'un hameau près de Saulieu : repéré grâce à une mention dans un plan cadastral ancien, confirmé sur Géoportail, abordé par un chemin de randonnée. Le site était semi-ouverte, avec une voûte partiellement effondrée — prudence et photos de détail.
- Une petite carrière de pierre meulière visible depuis la route départementale près d'Avallon : signalée par des habitants sur un groupe Facebook, accessible par un chemin communal. Ici, la conservation était bonne et j'ai pu échanger avec un maçon qui m'a montré comment la pierre était taillée.
Si vous souhaitez que je publie un carnet de repérage régulier sur Archeodrome Bourgogne (avec cartes, photos et contacts), dites-le-moi : je peux organiser une série d'articles et d'itinéraires respectueux, adaptés aux randonneurs curieux qui veulent explorer le Morvan en préservant son patrimoine.
