Lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux traditions vivantes de Bourgogne, j'ai vite croisé des collectifs qui travaillent, souvent discrètement, à la sauvegarde du patrimoine immatériel : chants, savoir-faire, fêtes, langues locales, gestes métiers. Ces groupes ne sont ni des musées ni des associations patrimoniales classiques — ils sont des rassemblements d'habitants, d'artisans, d'enseignants et d'amoureux du territoire qui mettent en lumière et transmettent ce qui fait vivre nos communautés.
Qui sont ces collectifs ?
Les collectifs de sauvegarde du patrimoine immatériel sont très divers. On y trouve :
des collectifs d'habitants qui documentent et font revivre des fêtes locales ou des rituels (carnavals, fêtes patronales, veillées) ;des associations d'artisans et de passeurs de savoir-faire (tissage, torréfaction, forge, pâtisserie traditionnelle) ;des groupes intergénérationnels liant écoles et anciens pour transmettre contes, chants et pratiques agricoles ;des collectifs artistiques qui remettent au goût du jour des répertoires musicaux ou des formes dansées ;des réseaux de bénévoles qui répertorient, numérisent et publient témoignages et archives orales.Certaines structures sont formalisées en association loi 1901, d'autres fonctionnent de manière informelle, sur la base d'un groupe Facebook, d'un agenda partagé ou d'une coopérative. Dans tous les cas, ce sont des personnes motivées par la transmission et le lien social plutôt que par le profit.
Pourquoi rejoignent-on un collectif ?
Les raisons sont multiples et souvent personnelles. J'ai rencontré des bénévoles qui viennent :
par amour d'une pratique (jouer d'un instrument traditionnel, cuisiner une recette familiale) ;pour retrouver du lien social, surtout en milieu rural ;pour apprendre et transmettre aux jeunes générations ;pour monter des projets collectifs : événements, publications, ateliers, résidences d'artistes ;par curiosité historique et envie de documenter des témoignages avant qu'ils ne disparaissent.Participer à un collectif, c'est souvent repartir avec des compétences nouvelles (animation d'atelier, archivage, recherche orale) et une belle visibilité locale si le projet aboutit à une fête ou une exposition.
Comment fonctionnent-ils concrètement ?
Le fonctionnement dépend de la taille et de la formalité du groupe :
Réunions régulières : certains collectifs se rassemblent une fois par mois pour cadrer les actions ;Ateliers pratiques : sessions de transmission (par ex. atelier de panierage, atelier de chants) ouverts au public ou réservés aux membres ;Actions de collecte : enregistrement d'entretiens, prise de photographies, collecte de recettes ou de partitions ;Événements publics : fêtes, restitutions, conférences, expositions ;Recherche de financements : appels à projets (DRAC, Fondation du Patrimoine, Région Bourgogne-Franche-Comté), subventions municipales ou participations privées.J'ai pu constater que la clé de la longévité d'un collectif est souvent la combinaison d'une passion partagée et d'un portage administratif solide — même minimal (un compte bancaire, un statut juridique simple) pour pouvoir candidater à des aides et assurer la logistique.
Comment les trouver en Bourgogne (et ailleurs) ?
Voici quelques pistes qui m'ont servi :
Consulter le site de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté et les appels à projets « patrimoine immatériel » ;Regarder les programmations des maisons de pays, centres culturels et musées locaux (ils collaborent souvent avec des collectifs) ;Suivre les pages Facebook ou Instagram des fêtes locales et des artisans — beaucoup d'initiatives naissent sur les réseaux ;Contacter les bibliothèques municipales et les associations de sauvegarde locale (sociétés d'histoire, cercles dialectaux) ;Participer aux salons, marchés de créateurs et fêtes du terroir : j'y ai régulièrement rencontré des collectifs qui recrutent des volontaires.Sur Archeodrome Bourgogne, je publie régulièrement des portraits de collectifs et des calendriers d'ateliers — rendez-vous sur archeodrome-bourgogne.com pour les prochaines dates.
Comment rejoindre un collectif : étapes pratiques
Si l'idée vous tente, voici une feuille de route simple que je partage à celles et ceux qui me demandent :
1. Assister à une réunion ou à un atelier pour sentir l'ambiance et le niveau d'implication demandé ;2. Proposer une petite contribution : animer un atelier ponctuel, aider à la communication, prendre des photos, gérer les réseaux sociaux ;3. Échanger sur les attentes réciproques : disponibilité, durée d'engagement, rôle précis ;4. S'informer sur la structure juridique et les assurances : certaines actions (ateliers enfants, événements publics) nécessitent une assurance responsabilité civile associée ;5. Si vous souhaitez monter votre propre collectif, commencez par une réunion publique, rédigez des statuts simples et ouvrez un compte pour la gestion des fonds.Compétences utiles et ce qu'on peut apprendre
On n'a pas besoin d'être un expert pour s'engager. Parmi les compétences recherchées :
captation audio/vidéo et prise de son (pour interviewer des témoins) ;animation d'ateliers et pédagogie ;communication et graphisme (création d'affiches, gestion de réseaux sociaux) ;recherche documentaire et travail d'archives ;gestion de projet et montage de dossiers de financement.Rejoindre un collectif, c'est aussi un excellent terrain d'apprentissage pratique : en quelques mois, j'ai vu des volontaires apprendre la prise de son, la retranscription d'entretiens et même l'élaboration d'expositions itinérantes.
Financement, reconnaissance et durabilité
Pour durer, un collectif doit souvent diversifier ses sources de financement :
subventions publiques (DRAC, Région, communes) ;participations aux frais des ateliers ;ventes de publications, de pochettes de recettes, d'objets artisanaux ;campagnes de financement participatif (Ulule, KissKissBankBank) ;partenariats avec des structures culturelles ou touristiques.La reconnaissance par les institutions (label, subvention) peut aider, mais je trouve important que l'énergie et le sens du collectif restent au cœur du projet pour éviter la bureaucratisation.
Conseils pour bien démarrer
Quelques conseils tirés de mes rencontres :
Commencez petit : testez une action ponctuelle avant de vous engager sur un gros projet ;Documentez tout : enregistrements, photos, notes — ces archives seront utiles pour la transmission ;Alliez intergénérationnel : associer jeunes et anciens crée souvent des étincelles créatives ;Pensez à la communication locale : affiches dans les boulangeries, annonces dans les bulletins municipaux fonctionnent encore très bien en Bourgogne ;Soyez patients : la transmission se fait parfois sur plusieurs saisons, pas en un événement.Si vous avez un projet, une question sur un collectif local ou envie d'être mis en relation avec des acteurs en Bourgogne, écrivez-moi via le formulaire du site. J'aime relayer ces initiatives sur L'Archeodrome Bourgogne et parfois, une simple mise en contact suffit à lancer une belle aventure collective.